Sabine

Sabine, une élève de 10e année, est d’origine haïtienne. Elle vient de se rendre compte qu’elle éprouve une attirance pour les filles et les garçons. Elle en parle à son enseignante de gymnase, qu’elle a toujours aimée et en qui elle a confiance. L’enseignante l’écoute attentivement et suggère à Sabine d’appeler la ligne d’aide aux jeunes pour demander s’il y a des services qui lui permettraient de parler à d’autres personnes dans la même situation.

Sabine appelle la ligne d’aide et vient à développer un lien de confiance avec un centre anglophone dans sa communauté qui offre des services. Elle commence à assister aux réunions du groupe de soutien pour les jeunes LGBTQ. Bien qu’elle se sente solidaire des autres participantes et participants, elle est la seule fille noire et elle sait qu’elle ne peut pas vraiment parler de certaines de ses expériences, par exemple, du racisme, du lien étroit qu’elle entretient avec d’autres collectivités canado-haïtiennes, du sentiment d’appartenance à son église.

Sabine est déterminée à révéler sa bisexualité à ses quatre proches amies à l’école et à leur parler de sa nouvelle relation, mais elle est nerveuse. Lorsqu’elle trouve enfin le courage de le dire, elles sont estomaquées et ne la croient pas. Elle réussit à les convaincre qu’elle ne blague pas. Elles évitent d’abord son regard et lui disent ensuite que c’est cool, qu’il n’y a pas de problème. Elle voit bien que ses amies mentent. Après un certain temps, elles acceptent cette réalité et continuent à la fréquenter comme avant. Mais elles n’abordent jamais le sujet de la bisexualité de Sabine.

Sabine est soulagée de voir que ses amies ne l’ont pas rejetée et qu’elle peut continuer à se tenir avec elles. En même temps, elle est consciente du silence qui s’est installé entre elles. Elle a l’impression de toujours cacher quelque chose, de ne jamais pouvoir être elle-même en nulle part. Elle commence à souffrir d’insomnie, ses notes sont moins bonnes et elle s’efface de plus en plus.

Son enseignante de gymnase remarque un changement dans sa personnalité et son niveau d’énergie. Elle lui demande comment elle va. Sabine raconte tout. Son enseignante lui suggère d’assister à une réunion de l’alliance gaie/hétéro qui vient de se former à l’école. L’alliance est composée d’élèves de divers groupes ethnoculturels et compte plusieurs membres canado-haïtiens. Les élèves ne sont pas tous des jeunes LGBTQ, en fait, un grand nombre sont hétérosexuels. Mais, ils ont tous une attitude positive envers son orientation sexuelle. Dès la première rencontre, Sabine sent qu’elle peut respirer à nouveau. Enfin, il y a des personnes qui la comprennent, qui l’acceptent et en qui Sabine sent qu’elle peut avoir confiance.