Honte par rapport à l’identité

Les parents marginalisés risquent d’assimiler le sentiment de haine ainsi que des préjugés, exacerbant ainsi la honte qu’ils ressentent quand leurs enfants sont impliqués dans une situation d’intimidation. Ils sont ainsi amenés à blâmer leur identité ou celle de leurs enfants comme étant la source du problème.

Les parents de garçons transgenres, gais ou bisexuels ou de filles transgenres, lesbiennes ou bisexuelles se livrent souvent à une lutte interne par rapport à l’acceptation de l’identité de leur enfant. Les parents de même sexe ou transgenres sont confrontés à des défis additionnels. Ils savent que les personnes qui intimident les autres s’attardent aux faiblesses perçues des personnes ciblées. S’ils « ne sortent pas du placard », ils peuvent transmettre un sentiment de honte et de secret à leurs enfants, créant ainsi une faiblesse. S’ils « sortent du placard », ils exposent la différence de leur enfant, et conséquemment une faiblesse. Les parents, tutrices et tuteurs LGBTQ peuvent se sentir piégés dans une impasse classique.

Les enfants de parents LGBTQ risquent davantage de se faire intimider. Cela peut créer une source de stress et de crainte pour les parents (et bien sûr pour les élèves ciblés). Certaines personnes peuvent considérer ces élèves « gais » par extension ou par association. Ces élèves sont donc souvent la cible de harcèlement homophobe ou transphobe, même s’ils ne sont pas eux-mêmes LGBTQ.

Les parents de groupes racialisés peuvent aussi assimiler le racisme. Certains essaient tant bien que mal de montrer à leurs enfants qu’ils sont fiers de leur identité et de leur couleur de peau, mais en ont peut-être honte ou en détestent peut-être la réalité parce qu’ils savent que leurs enfants seront blessés par les autres à cause de leur identité. Cela risque d’entraîner de la violence et de l’agression latérales – guerres internes entre les groupes de population ethnoculturelle. Les membres se livrent à une concurrence entre eux, se jalousent, se méfient les uns des autres et éprouvent un certain ressentiment si un groupe remporte plus de succès qu’un autre. Cela se termine par une assimilation collective et une transmission de haine intergénérationnelle.

Les membres des familles monoparentales et de toutes les familles qui ne correspondent pas au modèle sociétal de la famille « normale » - formée d’une mère biologique, d’un père et de frères et sœurs génétiquement affiliés – peuvent aussi se blâmer et se sentir coupables. Ils peuvent s’imaginer être « de mauvais parents » et avoir lésé leur enfant d’une façon ou d’une autre simplement parce qu’ils ne correspondent pas au modèle de « normalité ».

Les parents marginalisés peuvent se sentir constamment menacés par la tension qui sous-tend cette réalité douloureuse : la réalité des préjugés, de la discrimination et de leurs conséquences quotidiennes immédiates, d’une part, et le désir de transmettre à leur enfant un sentiment de fierté au sujet de leur identité, d’autre part. Chaque jour peut donc se révéler une lutte déchirante pour insuffler à leurs enfants une fierté et une confiance par rapport à leur identité.