Résolution de problème en action

Déterminez ce qui dérange la personne.

Offrez au parent la possibilité d’expliquer le problème sans interruption. Laissez la personne donner les détails sur la situation, par exemple : comment, à quelle fréquence, quand et où a eu lieu l’intimidation ou l’iniquité; qui était sur place et ainsi de suite.

La description de la situation peut faire émerger des sentiments douloureux pour les parents. Il importe donc de valider ces sentiments pour que la personne puisse se sentir comprise. (Voir Communication saine – Écoute active.) Il importe de donner à la personne toute la place et tout le temps nécessaires pour relater la situation. Enfin, il importe d’éviter de faire pression ou de faire subir un interrogatoire pour en savoir plus.

Durant sa description, la personne peut confier des détails remontant dans le passé sur la situation dans laquelle se trouve leur enfant, dont les mesures déjà prises auparavant pour essayer de protéger leur enfant (si leur enfant est la cible de l’intimidation) ou de changer le comportement de leur enfant (si leur enfant est la source de l’intimidation). De tels renseignements se révéleront utiles lors de la détermination des stratégies (voir le point 3).

Par exemple, si le parent a déjà essayé une certaine forme de conséquence qui n’a pas modifié le comportement de leur enfant, vous pouvez tenir compte de ce détail dans votre évaluation des diverses stratégies possibles.

Il est bon de savoir que certains parents ont honte de voir que leur enfant est la cible d’intimidation et qu’elle ou il n’a rien fait pour renverser la situation. Dans notre culture, bien des gens – adultes et jeunes y compris – ont assimilé les messages continuels à savoir que le blâme revient à la victime. Il importera donc de tenir compte de tels sentiments ou attitudes. Il s’agira de profiter de l’occasion pour répéter que jamais personne n’est à blâmer dans un cas d’agression, que l’élève ait pris des mesures ou non pour mettre un terme à la situation.

Une fois qu’un lien de collaboration a été établi avec les parents, il sera peut-être nécessaire de chercher à obtenir de l’information complémentaire ou de clarifier certains aspects concernant la situation. Dans ce cas, les questions ouvertes se révèlent les plus efficaces.

Les mots pour le dire :

Voici quelques phrases correspondant à un bon nombre des idées mentionnées jusqu’à présent :

  • Je vous remercie beaucoup de m’avoir fait part de vos inquiétudes par rapport à la sécurité de votre enfant. Je sais que vous avez sans doute trouvé difficile d’approcher l’école. J’applaudis sincèrement votre courage.
  • Je comprends qu’il est très difficile pour un parent de parler d’une situation aussi douloureuse. Cela fait toujours mal de voir son enfant maltraité par les autres (ou : maltraiter les autres).
  • Tellement de facteurs peuvent influencer le comportement des jeunes. Les jeunes peuvent apprendre n’importe où les attitudes et les comportements qui mènent à l’intimidation. Cela n’a rien à voir avec vous ou avec vos compétences parentales. Nous devons nous concentrer sur votre enfant et l’aider à assumer la responsabilité de ses actes. Ensemble, vous et moi et les autres personnes concernées de l’école, nous pouvons travailler à trouver comment y arriver.
  • Ce n’est pas de la faute de votre enfant si elle ou s’il a subi de l’intimidation. L’intimidation n’a rien à voir avec elle (lui). Personne n’est à blâmer pour la violence subie, peu importe ce qu’une personne peut ou ne peut avoir fait pour se protéger.

Précisez votre rôle et ses limites.

Il importe d’éviter de sauter aux conclusions au sujet des attentes des parents quand ils viennent vous voir pour parler d’intimidation ou d’iniquité. Ils peuvent s’attendre à ce que vous mettiez en œuvre un plan qu’ils ont élaboré. Ils peuvent espérer que vous preniez tout en main afin de résoudre le problème vous-même. Ils ont peut-être des attentes irréalistes sur ce que vous serez en mesure d’accomplir. Par exemple, ils peuvent espérer que vous pourrez protéger leur enfant en expulsant l’élève qui l’intimide. Ou encore, ils peuvent s’attendre à ce que vous répétiez ou renforciez les mesures disciplinaires sévères qu’ils ont imposées à leur enfant en réponse à ses actes d’intimidation.

Au moment de préciser votre rôle, assurez-vous d’expliquer clairement vos obligations, tant celles pour ce qui est de rapporter toute situation d’intimidation que celles se rattachant aux politiques sur l’intimidation émises par votre conseil scolaire, selon la pertinence. Dans certaines situations, vous aurez peut-être à prendre des mesures précises, comme faire rapport à une société d’aide à l’enfance. (Voir Protection et défense de l’enfant..)

Les mots pour le dire :

Vous pouvez préciser votre rôle et ses limites à l’aide des énoncés suivants :
Je suis ici pour écouter, pour recueillir vos idées et vous expliquer ce qu’on a l’intention de faire pour mettre fin à la situation, et vous aider à explorer certaines idées sur ce que vous pouvez faire pour travailler avec nous et soutenir votre enfant durant cette période éprouvante. J’espère être en mesure de vous fournir un certain soutien aussi.

Une fois que les parents savent exactement quels sont votre rôle et vos limites, vous pouvez leur demander quelles sont leurs attentes à votre égard :
Y a-t-il quelque chose que vous souhaitiez que je fasse ?
Comment pourrais-je vous aider ?

Utilisez la technique du remue-méninges pour trouver des avenues possibles.

L’usage de cette technique se veut un processus créatif et libre où toutes les suggestions sont les bienvenues et notées sans critique ni jugement. Dans le contexte d’un assez bon équilibre du pouvoir entre deux adultes, les deux parties peuvent participer au processus sur un pied d’égalité.

Si des parents semblent avoir moins confiance ou des doutes quant à leurs propres compétences, nous pouvons tenter de partager le pouvoir de manière égale. Dans une telle situation, il pourrait se révéler utile d’énoncer nos idées sous forme de suggestions. Cela dit, il est préférable d’attendre que le parent ait terminé son processus de remue-méninges. Si les gens sont capables d’élaborer leurs propres stratégies, ils auront davantage confiance en leurs propres capacités et en leur pouvoir personnel. Dans le cas de parents qui manquent de confiance en eux, il importe particulièrement de les encourager à participer activement à cette étape. Cela aura un effet positif sur leur adhésion au plan d’action. Si le plan repose uniquement sur nos propres idées, il ne résonnera sans doute aucun écho auprès des parents, en plus de ne pas refléter la réalité de la vie à la maison ni leur relation avec leur enfant. Le processus d’examen et d’évaluation du plan d’action peut constituer la prochaine étape.

Pour cette étape, vous trouverez sans doute utile de noter les idées à mesure et de documenter l’évolution de la situation. Par respect pour les parents, il est important de leur demander si cela leur convient avant de commencer. Certaines personnes peuvent se sentir mal à l’aise avec ce genre de procédure ou réagir avec la perception qu’elles font l’objet d’une évaluation.

Les mots pour le dire :
Voulez-vous que nous abordions certaines des stratégies susceptibles de vous aider à aider votre enfant à traverser cette période ?
Que pensez-vous pouvoir faire ?
Si leur enfant est l’auteur de l’intimidation :
Comment pourriez-vous aider votre enfant à comprendre sa responsabilité et les dommages causés par son comportement ?
Si leur enfant est la cible de l’intimidation :
Comment pourriez-vous aider votre enfant à comprendre qu’il ou qu’elle n’est pas du tout à blâmer ?
Ou
Comment pourrions-nous travailler ensemble pour veiller à ce que votre enfant se sente et reste en sécurité ?

Il importe de noter que les enfants, les adolescentes et les adolescents doivent faire partie intégrante du processus d’élaboration des stratégies pour résoudre une situation d’intimidation. Les jeunes sont le plus en mesure de connaître la dynamique et le contexte d’une situation. Il importe d’en arriver à des stratégies qui prennent en compte l’importance des relations avec les pairs des élèves, en visant à les maintenir non pas à les dissoudre. Cela est d’autant plus vrai au niveau secondaire.

Aidez les parents à soupeser les options, en évaluant pour chacune les risques et les avantages possibles.

Nous voici à l’étape de la pensée critique – pour le parent et pour l’enseignante ou l’enseignant. Il est avantageux que les deux parties soient sur un même pied d’égalité. S’il y a lieu de départager le pouvoir, les parents peuvent se charger de cette étape. Les commentaires des enseignantes et enseignants gardent toutefois leur utilité.

L’enseignante ou l’enseignant peut favoriser la réflexion et soulever ses préoccupations en posant des questions susceptibles d’aider les deux parties à réfléchir, puis à en arriver à des conclusions objectives.

Les mots pour le dire :
D’après vous, qu’arriverait-il si vous appeliez les parents de l’élève qui intimide votre enfant pour leur dire de laisser votre enfant tranquille? Quelle pourrait être leur réaction?
ou
Dans quelle mesure pensez-vous que d’interdire toute sortie à votre enfant pour un mois l’aidera à arrêter ses actes d’intimidation?

Notre ton et notre attitude sont d’une importance critique à cette étape. Notre responsabilité consiste à trouver des façons de communiquer : « Je vous respecte et j’ai confiance en vos habiletés et en vos compétences comme parents ». Cette phrase peut se communiquer, entre autres, avec les mots, le ton de la voix, le langage corporel et l’expression faciale.

Les mots pour le dire :
C’est vous qui connaissez le mieux votre enfant. D’après votre expérience à la maison, pensez-vous que cette option pourrait lui faire comprendre le message?
Quels sont les avantages et les risques d’une telle option? (Répétez la phrase pour chacune des options.)
Que pensez-vous de cette stratégie? (… de ces stratégies?)
Je peux voir à quel point vous vous faites du souci pour votre enfant et vous vous inquiétez de la situation. J’apprécie votre détermination à trouver une stratégie positive.

L’analyse des répercussions sur la sécurité des élèves qui sont la cible d’intimidation est un facteur clé à prendre en compte dans l’évaluation de tout plan d’action.

Encouragez les parents à choisir des stratégies qu’ils sont prêts à mettre en œuvre.

Après la discussion au sujet des « pour » et des « contre » de chacune des options, il est crucial que la décision revienne aux parents. En effet, ce sont eux qui seront ultimement responsables de mettre en œuvre les stratégies choisies. Il importe pour les deux parties de garder à l’esprit que, si les stratégies ne donnent aucun résultat, il est possible d’en essayer d’autres.

Les mots pour le dire :
Laquelle ou lesquelles aimeriez-vous essayer ?

Aidez les parents à élaborer un plan d’action.

Encouragez les parents à élaborer un plan d’action qui soit aussi réaliste et détaillé que possible. Encore une fois, nous pouvons faciliter le processus en posant des questions respectueuses dans le but d’approfondir et d’explorer les avenues.

Les mots pour le dire :
Quel moment serait le mieux choisi, selon vous, pour faire un essai ?
Comment expliqueriez-vous le processus à votre enfant ?

Aidez les parents à mettre en œuvre le plan d’action.

Essayez de vous assurer que les parents disposent du soutien nécessaire, s’ils le désirent, durant l’étape de la mise en œuvre du plan d’action. Par exemple, il est possible d’intégrer dans le plan d’action l’obtention du soutien d’un ami ou d’une amie, d’une personne de confiance dans la famille ou d’une professionnelle ou d’un professionnel. Dans certains cas, nous pouvons choisir nous-mêmes d’offrir un soutien complémentaire.

Les mots pour le dire :
Y a-t-il une personne avec qui vous seriez à l’aise de parler pendant que vous faites l’essai de votre plan ? Y a-t-il une personne avec qui vous avez l’habitude de discuter de vos problèmes ?
N’hésitez pas à communiquer avec moi si vous pensez que je peux vous aider encore.

Faites un suivi auprès des parents une fois que le plan d’action aura été mis en œuvre et évaluez les résultats.

Cette étape est cruciale. Il est facile de se décourager et même d’interrompre toute voie de communication avec l’école si les premières tentatives d’appliquer le plan d’action ne donnent aucun résultat tangible. Il est donc important de montrer de l’optimisme et de l’assurance par rapport à la résilience de l’élève ou à sa capacité de changer. Il est également essentiel de dépeindre l’expérience vécue par les parents pour soutenir leur enfant comme étant une étape naturelle du processus menant à la résolution du problème, plutôt que comme un échec.

Les mots pour le dire :
Comment cela s’est-il passé?
Comment vous sentez-vous par rapport au déroulement?

Revoyez les stratégies et établissez un nouveau plan d’action (rappelez-vous le suivi à faire pour toutes les étapes).

Le processus de résolution de problèmes suit son cours. Il est mieux de prévoir un grand nombre d’essais et d’erreurs. Les stratégies qui se révèlent infructueuses peuvent être considérées comme une étape constructive du processus d’apprentissage.

Les mots pour le dire :
Que diriez-vous d’aborder une autre stratégie susceptible de vous aider à aider votre enfant à faire un changement?
Je pense sincèrement que votre enfant peut y arriver. Essayons de trouver une autre manière de travailler ensemble pour améliorer sa situation.

Une démarche de résolution de problèmes constitue toujours un bon point de départ pour aider une personne se trouvant dans une situation difficile. Pour les parents dont les enfants sont impliqués dans une situation d’intimidation, il importe d’adapter les stratégies et les démarches aux besoins et responsabilités de chaque famille, selon le rôle qu’a joué leur enfant. Un des grands facteurs à considérer au moment d’évaluer un plan d’action consiste à mesurer l’incidence sur la sécurité de l’élève qui fait l’objet de l’intimidation.

La résolution de problèmes se veut une façon respectueuse, rassurante et constructive de fournir un soutien pour régler une situation douloureuse. Elle cadre tout à fait avec nos objectifs par rapport à l’équilibre du pouvoir et l’appel à la collaboration avec les parents.

L’approche concorde également avec un grand nombre de valeurs et d’attitudes propices à l’instauration d’une culture scolaire fondée sur la sécurité et l’inclusion. Pensons par exemple à la compassion, au courage, au respect, à la présence et à l’utilisation positive du pouvoir. Quand nous communiquons d’une manière qui est cohérente avec notre vision à l’égard de la prévention de l’intimidation, nous renforçons le message que nous voulons faire passer. Cela a pour effet d’accroître la probabilité que les parents participent à entretenir la culture scolaire tant à la maison qu’à l’école.